Le SPARTACO's Jazz Band

Saillé, le samedi 23 mai 2015

Le nouveau président du Comité de Jumelage GUERANDE-DINKELSBUHL, sous l'égide du Service Culturel, nous a fait croire pendant trois mois à notre participation à la commémoration du 10 mai de cette année. Nous musiciens avons donc investi dans 1158 km cumulés pour répéter un répertoire adapté : en gros, Guérande-Dinkelsbühl.

Cette proposition -inattendue - nous convenait bien : notre participation était pertinente !

• Cette année 2015 est aussi le dixième anniversaire de la naissance de l'association JAZZIN'Saillé, des suites d'un voyage à Dinkelsbühl...
  
• Le 12 mai était également le 5^ème anniversaire du décès de Jean-Jacques JOUSSE, son fondateur. Celui-ci en cinq ans, a su - pensions-nous et avec un peu de talent …– s'investir pleinement dans le milieu associatif culturel guérandais.
• La troisième passion de Jean-Jacques JOUSSE était le montage de maquettes d'avions militaires de la dernière guerre. Il en a laissé trois cents environ à Guérande et au moins autant à Lamorlaye en région parisienne.
• Spartaco ANDREOLI, notre mentor et chef d'orchestre de 93 ans, a passé la guerre à fuir le STO, avec des anecdotes dignes de "La Grande Vadrouille", et dont il n'est pas avare.
• Alan SMITH, notre très américain contrebassiste, est orphelin de deux oncles qui sont allés offrir leurs vingts ans, sur les plages du débarquement le fameux D-Day.
• Et pour finir, the last but not the least*, après dix très longues d'attente, nous tenions là enfin un premier contrat guérandais … !

Nous en étions donc à la signature du contrat, et… abracadabra (ntesque ..!) ! C'est là que les athéniens s'atteignirent, que les spartes partirent et que le SPARTACO'S Jazz Band repassa une nouvelle fois devant la glace. Accrochez-vous au pinceau, on enlève l'échelle !

En effet, soucieux de la cohérence culturelle et historique de cette commémoration, trois longs mois de recherches et de longs débats du conseil d'administration du comité de Jumelage et du Service Culturel n'auraient pas permis d'établir clairement un lien entre la Libération, la venue des américains et la pratique du jazz en France…! . "Plutôt que de prendre un risque majeur d'erreur historique", ces très compétentes instances ont jugé préférable d'écarter notre participation. On a su nous en avertir élégamment deux semaines avant l’événement, avec les mots chaleureux que l'on devine.

Faut-il y voir les effets d'une inculture très cultivée, d'un négationnisme d'un nouveau genre, ou alors une forme affichée de dévalorisation et de mépris  ? On ne le sait pas encore : aucun contact, ni verbal, ni épistolaire.

Evidemment, Spartaco ANDREOLI a fort mal pris le bouillon. "J'aurais  fait tout cela pour rien ?". Il voulait que je lui creuse un trou dans son jardin pour enterrer tout vivant son saxophone ténor SELMER MARK VI  (une Rolls !). Je lui ai suggéré plutôt de manger son chapeau : ce qu'il a fait. Il a aussi écrit au maire de Vichy – le pauvre qui n'y est pour rien – pour lui signifier qu'il ne s'opposerait plus à sa milice en se rendant désormais disponible - à 93 ans - pour rejoindre le STO… Il le prie également de l'excuser pour l'avoir fait attendre.

Plus ennuyeux restera l'incident diplomatique avec l'Etat de Washington**. Très contrarié, son gouverneur rappelle son ambassadeur local Alan SMITH pour le 31 août prochain. Cette regrettable décision, qui nous prive d'un excellent contrebassiste, reste malheureusement sans appel ! L'affront est de taille et là encore, ce n'est qu'en 1958 que le général De Gaulle a commencé à dénoncer le plan Marshall... Tant qu'à commémorer, on pouvait donc attendre encore un peu avant de poster un très utile américain !

Jacques-Jacques JOUSSE s'étonnait souvent du peu d'appétence des milieux autorisés guérandais pour une culture et des arts de qualité en général, et pour la peinture et le jazz en particulier.

"On s'y sent comme l'eau"  soupirait-il … "incolore, inodore et sans saveur…"

En cinq ans, rien n'a vraiment changé : c'est même pire …

Alors, le 10 mai dernier, nous avons d'abord renvoyé Jean-Jacques à ses cendres...

Puis nous sommes allés voir la mer.

Finalement, c'est reposant, la mer !

Et nonobstant,

Malgré tout cela, on reste amis... !

Très cordialement

François GUIHENEUF

*Alan SMITH parle comme cela .

**Afin d'éviter - après les approximations historiques - les égarements géographiques, nous préciserons que l'état de Washington se trouve sur la côte ouest des Etats-Unis d'Amérique, juste sous le  Canada. Sa capitale est Seattle…